Posté par eqconews, le 13 juillet 2022
C’est le 25 juin dernier que le Gabon et le Togo ont été élus pays membres de la communauté des peuples ayant en partage l’usage de l’anglais, le Commonwealth. Si cette adhésion du Gabon est considérée comme un tournant décisif de son histoire, elle sanctuarise également les efforts et l’opiniâtreté du chef de l’Etat dans le domaine diplomatique.
Par Yann ESSABE
C’est acté ! « Soixante-deux ans après notre indépendance, notre pays s’apprête à ouvrir une nouvelle et glorieuse page de son Histoire », a déclaré le Président de la République Ali Bongo Ondimba. En effet, depuis le 25 juin dernier, le Gabon fait désormais partie du Commonwealth, la plus grande communauté des peuples qui réunit 2.5 milliards d’habitants. « Nous avons admis le Gabon et le Togo comme nouveaux membres, et nous leur souhaitons tous la bienvenue dans la famille du Commonwealth », a déclaré le Président rwandais, Paul Kagame, hôte du sommet, à la clôture de celui-ci.
Cet épilogue vient couronner les efforts et le rayonnement politique, économique et culturel du Gabon à l’international. Mieux, il consacre la vision du chef de l’Etat, consubstantielle à son projet d’inscrire le Gabon parmi les pays émergents. Cela passe nécessairement par une diversification des partenaires pour une meilleure efficacité dans les résultats attendus.
Après plus de 60 ans de compagnonnage avec la France, alliée stratégique et privilégiée, à l’heure des comptes, la moisson est maigre. Pis, depuis deux décennies, cette alliée a stratégiquement levé le pied sur ses investissements directs, laissant la place aux Asiatiques. Notamment, la Chine et l’Inde plus prompts et peu regardants sur la politique intérieure de ce qui est considéré, à tort ou à raison comme son pré carré. Si Libreville ne quitte pas la Francophonie comme une certaine presse l’a souligné, elle envoie cependant un message assumé, celui de s'ouvrir au monde anglophone et à plus grands espaces économiques.
Ce choix, ne doit pas se lire comme une attitude anti française, une «bouderie », encore moins du chantage. Mais, bien plus comme une réponse réaliste face aux enjeux stratégiques et géostratégiques de l’heure. D’ailleurs le thème de ce sommet du Commonwealth qui a consacré l’adhésion du Gabon est assez édifiant sur ces enjeux : « Réaliser un avenir commun : connecter, innover, transformer ».
C’est en 2011 que le chef de l’Etat Ali Bongo Ondimba, face à l’urgence de concrétiser son projet de société « L’Avenir en confiance », qui nécessitait des investissements lourds, s’est très vite tourné vers de nouveaux partenaires face aux atermoiements du pouvoir socialiste français de l’époque et des bailleurs de fonds. Inspiré du modèle rwandais, il annonce en 2012 la volonté des autorités de faire adopter l'anglais comme deuxième langue officielle du pays. Pour implémenter cette décision, le gouvernement va financer la formation des enseignants en anglais. Objectif ? Initier le bilinguisme dès l'école primaire.
Face aux enjeux actuels du monde, il y a urgence de nouer de nouveaux partenariats et de nouvelles alliances sur les plans stratégique et commercial. Avec 56 Etats désormais et plus de 2.5 milliards d’habitants, avec un PIB global de U$ 13000 milliards en 2021, c’est un grand marché potentiel de consommateurs qui va s’ouvrir au Gabon. Avec, en sus, la possibilité de nouer des accords bilatéraux avec d’autres membres de la communauté. Cependant, la seule adhésion ne suffit pas pour accéder au développement attendu. Libreville doit procéder à des ajustements dans sa gouvernance, notamment sur les libertés et la démocratie.
A court terme, des mesures doivent être prises pour créer des « couloirs du bilinguisme » aussi bien dans les administrations que sur le système éducatif par la mise en place de nouveaux curricula. Les étudiants, outre les bourses de coopération offertes dans le cadre des relations bilatérales entre le Gabon et les autres membres, devront aussi accéder aux meilleures universités et grandes écoles.
Enfin, cette adhésion doit se vêtir de l’odeur du peuple afin de minimiser les grincements de dents entre pro et anti. Pour éviter ces débats sur les sexes des anges, une campagne pédagogique est nécessaire. Celle-ci passe par l’organisation de plateaux télé et radio aux fins de rendre plus audible et plus impactant cette victoire diplomatique du chef de l’Etat auprès des populations.
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13/07/2022 à 09:51
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